"Nous ne créons pas juste des films, nous construisons un monde." Cette déclaration de James Gunn synthétise l'ambition qui anime la renaissance du DC Universe. Au-delà des annonces individuelles de films et séries que nous avons détaillées dans nos précédents articles consacrés aux projets immédiats comme Superman et Supergirl, à l'univers Batman, et aux autres héros du DCU, la présentation de février 2025 aux studios Warner Bros a révélé une vision stratégique globale qui pourrait bien révolutionner notre façon de lire et regarder les récits de super-héros.

Si notre titre peut paraître provocateur, précisons d'emblée que Gunn ne cherche pas la confrontation avec Marvel ou d'autres franchises. Sa stratégie vise avant tout à construire une alternative cohérente et distinctive, non un concurrent direct. Cependant, sa stratégie est radicalement différente : tout est lié, et ce peu importe le support, mais tout doit se suffire à lui-même. Il ne s'agit pas d'une grande série où chaque film serait un épisode, mais bien des films, séries et jeux vidéo connectés, mais qui seront des projets à part entière que l'on pourra regarder sans en avoir vu aucun autre.

Dans ce dernier volet de notre série, nous analysons comment Gunn et Safran envisagent l'architecture d'ensemble de leur univers partagé, les innovations qui le distinguent de ses prédécesseurs et les défis à relever pour concrétiser cette vision ambitieuse.

La liberté dans l'unité : Le paradoxe maîtrisé du DCU

L'approche narrative du DCU est claire : créer un univers où chaque œuvre peut être appréciée individuellement tout en s'intégrant dans un récit plus vaste. Gunn et Safran ont conçu une vision cohérente mais non contraignante, là où le DCEU avait échoué, fragmenté qu'il était entre des visions contradictoires.

Cette approche modulaire permet de résoudre l'un des problèmes fondamentaux des univers partagés : l'accessibilité. Un des obstacles majeurs pour les nouveaux spectateurs est l'impression qu'ils doivent avoir vu de nombreux films pour comprendre le suivant. Le DCU entend proposer des œuvres qui fonctionnent par elles-mêmes tout en s'inscrivant dans un ensemble cohérent.

La diversité tonale : Une signature distinctive

"Superman n'habite pas dans le même monde que Swamp Thing, même s'ils partagent le même univers." Cette apparente contradiction énoncée par Gunn illustre l'une des caractéristiques les plus innovantes du nouveau DCU : la diversité tonale.

Loin d'imposer une esthétique ou une ambiance uniformes à toutes ses productions, DC Studios embrasse les multiples facettes de son catalogue. Superman incarnera l'espoir et l'optimisme, Lanterns explorera le thriller policier, Clayface plongera dans l'horreur pure, et Booster Gold adoptera un ton comique.

Comme nous l'avons exploré dans notre article sur les autres héros du DCU, des projets comme Lanterns, Swamp Thing et Booster Gold illustrent cette diversité d'approches tonales et visuelles qui constituera la signature distinctive du nouvel univers DC.

Cette philosophie tranche nettement avec l'approche plus homogène d'autres franchises de super-héros. L'univers DC est vaste et varié, avec des personnages qui vont des dieux cosmiques aux détectives urbains, et imposer un ton unique à cet ensemble serait une erreur fondamentale.

Le multivers comme solution narrative

La coexistence de plusieurs versions de Batman illustre parfaitement l'approche "multivers" adoptée par DC Studios. Le Batman de Matt Reeves (incarné par Robert Pattinson) continuera d'évoluer dans son propre univers Elseworlds, tandis qu'un nouveau Batman sera introduit dans le DCU principal via The Brave and the Bold.

Cette coexistence de différentes versions du Chevalier Noir, que nous avons détaillée dans notre article consacré à l'univers Batman, démontre la flexibilité stratégique que permet l'approche multivers adoptée par DC Studios.

Le multivers permet de résoudre plusieurs problèmes : honorer les engagements créatifs existants, offrir différentes interprétations des personnages iconiques, et créer un espace pour des expérimentations narratives sans compromettre la cohérence de l'univers principal.

Gunn a confirmé que le label Elseworlds regroupera des projets comme The Batman, Joker et potentiellement Dynamic Duo, offrant aux créateurs une liberté totale en dehors des contraintes de la continuité principale.

L'approche transmédiatique : Une narration sur tous les supports

Le DCU présente une ambition transmédiatique remarquable, qui intégrera films, séries télévisées, animation et jeux vidéo dans une seule continuité narrative cohérente. Les frontières entre les médias s'effacent progressivement.

Cette stratégie représente un défi considérable : comment assurer une expérience satisfaisante sur chaque plateforme tout en construisant un récit global qui les transcende ? Chaque médium doit exploiter ses forces spécifiques : les films offrent le spectacle, les séries permettent l'approfondissement des personnages, l'animation explore l'impossible, et les jeux offrent l'interaction.

Un exemple concret de cette approche : Guy Gardner apparaîtra dans Superman avant de devenir un personnage central de Lanterns, créant un pont naturel entre cinéma et télévision. Les jeux vidéo pourraient quant à eux introduire des personnages ou des concepts qui seront ensuite repris dans d'autres médias.

L'écriture de la Bible du DCU : Une planification des 10 prochaines années

Les co-directeurs ont confirmé l'existence d'une Bible du DC Universe détaillant les grandes lignes narratives pour les 8 à 10 prochaines années. Ce niveau de planification sans précédent guide le développement du DCU.

Cette bible, dont le contenu est jalousement gardé, établit non seulement les événements majeurs qui structureront l'univers partagé, mais aussi les thèmes, les évolutions des personnages et les éventuels croisements. Le document établit leur destination et les grandes étapes du voyage, tout en leur laissant la flexibilité nécessaire pour ajuster leur route.

Cette planification à long terme représente un changement radical par rapport à l'approche plus réactive qui caractérisait le DCEU. Chaque projet s'inscrit dans une architecture plus vaste, même s'il peut être apprécié individuellement.

L'équilibre des publics : Des films pour tous sans compromis créatif

Sinestro - Hal Jordan - John Stewart - Green Lantern - DC Comics

Le terrible Sinestro, et les Green Lantern Hal Jordan et John Stewart.

DC Studios diversifie son offre pour toucher différents segments de public. Plutôt que de viser systématiquement le plus grand dénominateur commun, l'approche est plus nuancée et sophistiquée.

Les projets comme My Adventures with Green Lantern, Starfire, et DC Superpowers cibleront un public familial, tandis que des productions comme Clayface ou Lanterns s'adresseront à des spectateurs plus matures. L'objectif n'est pas que chaque personne regarde chaque projet, mais que chaque personne trouve plusieurs projets qu'elle apprécie particulièrement.

Cette stratégie permet de maintenir l'intégrité créative de chaque production sans sacrifier l'accessibilité globale de la franchise. Il ne s'agit pas de diluer le concept de Swamp Thing pour le rendre plus accessible, mais de créer d'autres points d'entrée dans l'univers pour ceux qui ne sont pas attirés par l'horreur.

Les leçons tirées du passé : Comment le DCU évite les erreurs du DCEU

Sans critiquer ouvertement leurs prédécesseurs, les co-directeurs ont clairement identifié les écueils à éviter en se basant sur l'héritage complexe du DCEU.

Premier enseignement : ne pas précipiter les événements majeurs. La Justice League n'apparaîtra qu'après l'établissement solide des personnages individuels. "Nous construisons la fondation avant d'ériger la cathédrale," image Safran, dans ce qui semble être une critique voilée de la précipitation avec laquelle le DCEU avait organisé son crossover.

Deuxième leçon : maintenir une vision créative cohérente. En plaçant Gunn au centre de la planification narrative globale, DC Studios évite les problèmes de fragmentation qui ont miné le DCEU après le départ de Zack Snyder.

Troisième principe : privilégier la qualité à la quantité. DC Studios préfère ajuster son calendrier plutôt que de compromettre ses standards de qualité.

L'après "Dieux et Monstres" : Des indices sur les chapitres futurs

Bien que l'accent soit mis sur le Chapitre Un: Dieux et Monstres, Gunn et Safran ont laissé entrevoir des bribes de leur vision à plus long terme. Safran a révélé qu'ils ont déjà esquissé les grands thèmes des chapitres deux et trois, sans toutefois donner plus de détails.

Quelques indices subtils ont néanmoins été distillés. Gunn a mentionné que le concept des "Dieux et Monstres" faisait référence non seulement aux personnages dotés de pouvoirs divins (Superman, Wonder Woman) et aux créatures monstrueuses (Creature Commandos, Clayface), mais aussi à la dualité présente en chaque héros.

Gunn a laissé entendre que le chapitre deux explorera une nouvelle dimension de leur univers, alimentant les spéculations sur une possible expansion cosmique ou multiverselle. Ces indices délibérément vagues semblent conçus pour susciter des théories parmi les fans tout en maintenant la flexibilité nécessaire à l'évolution du DCU.

Un univers en renaissance : Le DCU trouvera-t-il sa place ?

Superman (David Corenswet) dans la bande-annonce du film de James Gunn.

Dans un paysage audiovisuel déjà saturé de super-héros, DC Studios ne cherche pas simplement à concurrencer Marvel, mais à offrir une alternative distincte et complémentaire. L'ambition n'est pas de dominer, mais de diversifier.

L'approche plus audacieuse en termes de diversité tonale, l'intégration transmédiatique poussée, et le respect du multivers constituent les atouts majeurs de cette nouvelle itération. Le défi sera de maintenir cette vision ambitieuse face aux réalités commerciales et aux attentes des fans.

Après avoir exploré les projets immédiats avec Superman et Supergirl, l'univers Batman avec ses multiples facettes, et la constellation des autres héros du DCU, cette vision stratégique globale complète notre panorama du nouveau DC Universe. L'avenir nous dira si cette approche sophistiquée parviendra à conquérir le cœur des spectateurs.

Une promesse que nous pourrons commencer à évaluer dès juillet 2025, avec l'arrivée de Superman sur nos écrans.

Milly Alcock - tournage- Supergirl: Woman of Tomorrow - DCU

Première image officielle de Milly Alcock sur le tournage de Supergirl: Woman of Tomorrow, partagée par James Gunn.

Source : Screenrant

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