Comme nous vous en parlions dans le neuvième podcast de Radio Superpouvoir, la relance de Conan le Barbare chez l'éditeur Titan Comics s'est avérée être une vraie réussite.
Nous allons aujourd'hui revenir sur le second tome de ces nouvelles aventures du cimmérien crée par Robert E. Howard et toujours publié en France chez Panini Comics.
Au scénario, on retrouve une nouvelle fois Jim Zub qui, cette fois-ci, n'est pas accompagné de Rob de la Torre sur la partie graphique mais de Doug Braithwaite, dont la prestation est extrêmement convaincante.
Dans Trois fois marqué au sceau de la mort, Jim Zub confirme l'utilisation d'un fil rouge pour ses aventures de Conan, à l'instar de Jason Aaron sur sa série développée chez Marvel. La Pierre Noire est donc de retour et confirme l'envie du scénariste d'ancrer son récit dans une ambiance horrifique, rendant à la fois hommage à Robert E. Howard et Howard P. Lovecraft.
Conan noie son chagrin dans l'alcool (©Titan Comics & ©Panini Comics)
L'histoire prend place tout juste après La Reine de la côte noire (pour lire une adaptation visuelle de cette nouvelle de Conan, vous pouvez découvrir l'album de Jean-David Morvan et Pierre Alary chez Glénat). Conan est en deuil suite au décès de Bêlit et a rejoint une bande de voleurs dans la cité de Shadizar (voir la carte en début de tome). Traumatisé, le cimmérien passe le plus clair de son temps à s'enivrer dans une taverne, avant que ses compagnons et lui ne soient engagés pour dérober le Toucher de Tarim, un joyau vénéré par les adorateurs de Bel, le Dieu des voleurs.
La bande va rapidement se rendre compte que le joyau en question renferme un secret que Conan ne connaît que trop bien.
Comme à son habitude, Jim Zub nous propose un scénario solide et déférent vis-à-vis de l'univers crée par Howard. La structure narrative suit le schéma des nouvelles publiées dans les années 1930 et nous entraîne dans un univers de dark fantasy cruel et poisseux à souhait.
Conan y est taciturne et la véritable force de cet arc narratif est de nous montrer le barbare dans un état de dépression avancé. Ce dernier est hanté par la mort tragique de Bêlit, son seul véritable amour, et semble totalement perdu au milieu de cette grande cité zamorienne.
Ainsi, les flashbacks avec Bêlit qui ouvrent chaque numéro jouent un rôle important dans la thématique autour du deuil mise en avant par les auteurs.
Chaque début de numéro est l'occasion pour Jim Zub d'explorer la relation entre Conan et Bêlit (©Titan Comics & ©Panini Comics)
Précisons, que ce tome est un peu à part dans la nouvelle chronologie de la série. Ce dernier contient quatre numéros et est donc plus court que le précédent (dans lequel l'Annual de 2023 figurait au sommaire), Jim Zub semble ainsi avoir adopté une narration en quatre numéros et nous démontre par là qu'un arc plus court et ramassé n'est pas synonyme de médiocrité, bien au contraire.
Il serait, en effet, préjudiciable pour les fans de Conan de se priver de cette lecture, la série se montrant divertissante et digne de son héritage. De plus le septième numéro (le troisième chapitre du tome), Hanté, annonce avec fracas le retour d'un adversaire bien connu des fans de l'univers de Conan.
La Pierre Noire revient hanter Conan (©Titan Comics & ©Panini Comics)
La partie visuelle n'est pas en reste, les planches de Dougie Braithwaite apportant un souffle épique et de la profondeur au texte de Jim Zub.
L'aspect visuel s'impose à nouveau comme l'un des grands points forts de cette nouvelle mouture de Conan le Barbare. Précédemment, Rob de la Torre s'inscrivait dans un style à l'ancienne, rendant hommage au Conan des 1970-1980. Et bien que Dougie Braithwaite ait conservé l'aspect musclé de Conan, hérité de John Buscema, l'artiste impose malgré tout son style à l'univers du cimmérien.
À la lecture de Trois fois marqué au sceau de la mort, il semble même clair que le style de Braithwaite est parfaitement adapté à ce monde de dark fantasy. Entre la splendeur des décors, des charadesigns soignés et débordants de vie, l'artiste britannique met en images un univers violent et sanglant. Les coups d'épée fusent et les têtes volent dans ce second tome de Conan le Barbare et on se rend compte que Braithwaite a tout compris au personnage crée par Robert Howard. Conan y est gracieux, telle une "panthère" et le découpage permet de retrouver le dynamisme présent dans les nouvelles.
Une partie graphique qui se définit par un style haut en couleur et qui fait état de la maestria de Dougie Braithwaite. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, l'artiste vient tout juste d'entamé un nouvel arc narratif au côté de Jim Zub, sur les numéros 13 à 16 de la série.
Marqué au sceau de la mort est un récit sanglant sublimé par le trait de Dougie Braithwaite (©Titan Comics & ©Panini Comics)
Avec Trois fois marqué au sceau de la mort, Jim Zub confirme que Conan est relancé pour de bon chez Titan Comics. Bien que ce tome soit un peu plus court que le précédent, le récit y gagne en efficacité. Les planches sanglantes de Doug Braithwaite font véritablement corps avec le propos de Zub et l'univers de Robert E. Howard.
Un tome surprenant donc et qui ravira les lecteurs de Liés à la Pierre Noire.
Conan agile telle une panthère (©Titan Comics & ©Panini Comics)
Quant au troisième tome, celui-ci est déjà prévu pour une sortie le 20 novembre prochain.