À la tête de l’innovation et des partenariats à la Plaine Images, Laurent Tricart joue un rôle clé dans le développement des industries culturelles et créatives en Hauts-de-France. Il est aussi à l’origine du festival professionnel PIX, rendez-vous incontournable des acteurs de l’audiovisuel, du jeu vidéo, de la musique et du design. Dans cet entretien, il revient sur les origines du festival, les enjeux de la création contemporaine, l’impact de l’IA, et partage sa vision du futur proche des ICC.
Superpouvoir : Bonjour Laurent ! Ainsi, c'est un peu à toi que nous devons le festival PIX ?
Laurent Tricart : J’ai ce titre ronflant de directeur innovation et partenariat, mais mon job se déroule dans ce hub qui est dédié aux industries créatives. Notre mission, c’est de faire en sorte que les industries culturelles et créatives se développent globalement dans la région Hauts-de-France. On est là pour accompagner des porteurs de projets, accompagner les entreprises, les aider à trouver des financements, à l’international, etc.
Superpouvoir : Peux-tu nous dire ce qu'on appelle les industries culturelles et créatives ?
Laurent Tricart : Alors, il y aurait deux manières de répondre. La première serait de dire que ce sont les industries où la créativité est la première valeur ajoutée, mais néanmoins des industries. Ça sous-entend des chaînes de production. Ça sous-entend cette notion de production. La seconde manière de répondre serait de dire que ce sont des gens qui dessinent des petits Mickey. Ça n’a pas l’air sérieux, mais en fait, ça représente autant d’emplois en France que l’industrie automobile. Ben oui. Comme quoi, faire des petits Mickey, ça peut avoir du sens.
Et donc nous, notre job, c’est de développer ça dans la région. Et un des moyens, un des multiples moyens qu’on utilise, c’est la dimension événementielle professionnelle. En fait, la genèse de PIX, c’est qu’avant, on faisait X événements dans l’année. On s’épuisait un peu. À chaque fois, à aller chercher de l’audience, etc. Avec PIX, on est strictement professionnels. À cette nuance près qu’on n’interdit pas à quelqu’un qui ne serait pas un professionnel des ICC de rentrer dans l’espace. Il ne faut pas montrer patte blanche. Mais ce sont des événements qui sont professionnels au sens où, quand tu fais un sujet, une table ronde comme ce matin sur "Quel business model pour la XR ?", tu peux penser qu’a priori, ça ne va concerner que des professionnels ou en tout cas majoritairement des professionnels.
Et donc on s’épuisait à faire beaucoup d’événements dans l’année. Et à un moment donné, on s’est dit : "et si on en faisait un, en tout cas, qui soit plus volumineux, qui dure plusieurs jours ?" Alors, c’est une des complexités de l’événement — c’est à la fois un des plaisirs et une des complexités — c’est qu’il soit transversal. J’entends par là, puisqu’on parle des industries culturelles et créatives, qu'il y a beaucoup de champs de création. Nous, on travaille très spécifiquement sur l’audiovisuel, le gaming, la musique. Et le quatrième pan, c’est le design. Mais ça, j’ai envie de dire, c’est presque une commande qui nous est tombée dessus après.
Mais même si tout ça forme un ensemble très cohérent — surtout qu’aujourd’hui, ça fait 20 ans qu’on parle de transmédia, les contenus se diffusent et tout est imbriqué — les associations professionnelles sont toujours les producteurs de jeux vidéo, etc. Donc la difficulté d’un gros événement comme ça — et en même temps le plaisir, je le disais — c’est qu’on est transversal. Donc du coup, on essaie de trouver les points communs, les sujets communs qui peuvent exister, des fois, à ces filières. Et après, à l’inverse, des fois, de creuser très spécifiquement certains sujets.
Le festival PIX (Plaine Images) 2025 est destiné aux professionnels de l'innovation et se tient trois jours en semaine.
Superpouvoir : PIX, cette année, c’est la quatrième édition. Est-ce que, par exemple, parmi ceux qui ont participé à la première édition, certains peuvent dire "grâce à PIX, j’ai pu réussir tel ou tel objectif" ?
Laurent Tricart : Oui, on a des exemples concrets. Alors évidemment, on se dit toujours : il n’y en a pas assez. Mais oui, il y a beaucoup d’exemples concrets, soit d’opportunités business qui se sont créées sur l’événement, soit des associés qui se rencontrent, soit des opportunités de partenariats.
Je vais prendre un exemple, parce qu’en plus ils sont dans la salle à côté : c’est une entreprise qui s’est créée dans l’incubateur de la Plaine Images, qui s’appelle Octavio et qui développe des outils hi-fi performants et innovants pour le grand public. Pour le coup, ils sont en B2C.
Et ils ont collaboré sur leur dernier produit avec une entreprise qui est très liée à la recherche, qui s’appelle IRCAM Amplify — c’est une entreprise française. Les deux se sont rencontrés ici l’année dernière. Et donc c’est très satisfaisant de les voir se rencontrer ici au mois de mars 2024, et de les avoir vus sortir un produit ensemble en décembre 2024.
Donc ça, c’est un des objectifs qu’on vise. Ce n’est pas l’unique, mais c’est un des objectifs effectivement qu’on vise. Et c’est pour ça qu’effectivement, on écrit "business" dans les promesses. On parle d’inspiration, on parle de créativité et on parle aussi de business. Parce que l’idée, encore une fois, de notre mission, c’est que tout ça, à la fin, ça crée de la valeur ajoutée et de l’emploi.
Superpouvoir : Donc en fait, quand on vient ici, c’est un petit peu comme si on ouvrait une fenêtre sur le futur — peut-être le futur proche, on va dire ?
Laurent Tricart : Moi, je préfère l’idée de futur proche, parce que je n’aime pas trop la boule de cristal. [...]
Superpouvoir : Merci Laurent et rendez-vous au printemps prochain !
Le festival PIX se tient dans le bâtiment de l'Imaginarium sur la Plaine Images de Tourcoing dans le Nord. Ce lieu magique est constitué de vieilles friches industrielles réhabilitées.
Interview réalisée par Edmond Tourriol à l’occasion de la quatrième édition du festival PIX à Tourcoing, le 03/04/2025.
